Quelles chances pour les Bleus en Angleterre ?

Alors qu'elle a retrouvé ses lettres de noblesses en tenant tête à l'Australie et la Nouvelle-Zélande au cours des Test-matchs de novembre, l'équipe de France, portée par sa nouvelle génération, rêve de faire un coup en Angleterre dès le coup d'envoi du tournoi des VI Nations. Mais face à un XV de la Rose sur une autre planète, n'est-ce pas un rêve inaccessible ?

C'est une équipe de France en reconquête qui aborde ce tournoi des Six Nations. Sortis tête basse du Mondial après deux cinglants revers face à l'Irlande (24-9) et les Blacks (62-13), les Bleus sont repartis de très loin avec Guy Novès. Après des débuts hésitants, le sélectionneur du XV de France a profité de l'émergence d'un vivier de jeunes talents (Serin, Iturria, Chat...) ainsi que de l'apport de Nakaitaci et Vakatawa, les deux ailiers d'origine fidjienne, pour insuffler une nouvelle dynamique au groupe. Forts de leurs tournée automnale marquée deux courtes – mais encourageantes - défaites face à l'Australie et les Blacks, les Bleus abordent ce tournoi avec l'ambition de faire mieux que la triste cinquième place de 2016. Envoyés au charbon d'entrée du côté de Twickenham, chez une équipe d'Angleterre absolument inarrêtable depuis son échec du Mondial, les tricolores vont rapidement savoir à quel niveau ils se situent.

Il faut dire que l'Angleterre est un véritable monstre. Blessé par son humiliante élimination dès les poules sa Coupe du Monde, le XV de la Rose ne lâche plus rien à ses adversaires depuis qu'il évolue sous la direction d'Eddie Jones. L'ancien sélectionneur du Japon n'a pas changé les joueurs mais a réussi à les transformer en de véritables machines à gagner. Invaincus tout au long de l'année 2016 (13 victoires), les Anglais possèdent non seulement le plus bel effectif de Vieux Continent, mais pratiquent surtout un rugby incroyable. Vitesse, transformation du jeu, densité physique, intelligence : les Anglais ont tour pour eux. On n'avait plus vu un pays du Nord imprimer un tempo aussi élevé sur 80 minutes tout en restant capable de varier au pied grâce à justesse d'Owen Farrell depuis un long moment.

L'Angleterre avait récité une belle partition au Stade de France (21-31) l'année passée pour valider son Grand Chelem et s'est nettement endurcie depuis. Si les Bleus ont profité des derniers mois pour se rapprocher des meilleurs, les Anglais se sont eux persuadés d'avoir atteint un niveau suffisant pour rivaliser avec les Blacks. Jones enregistre en plus les retours de James Haskell (Wasps), Maro Itoje (Sarries), Anthony Watson (Bath), Jack Clifford (Quins) et Jack Nowell (Exeter). Tous étaient absents lors des succès enregistrés par le XV de la Rose en novembre face à l'Afrique du Sud (37-21), les Fidji (58-15), l'Argentine (27-14) et l'Australie (37-21). Avec tous les paramètres bien en tête et malgré le retour en force de l'équipe de France, il n'y a rien d'étonnant à ce que les spécialistes estiment à moins de 20% les chances de voir la France s'imposer en Angleterre le 4 février (17h50). Battus lors de leurs cinq derniers déplacement à Twickenham dans le cadre du tournoi, les Bleus devront livrer un immense match pour briser la série...

Journaliste : LMRugby MadeInRUGBY.com